Je suis née en 1974 dans une famille monoparentale. Je vivais avec ma grand-mère à Kathonzweni dans le district de Makueni et je ne voyais que rarement ma mère
En 1997, je me suis mariée et j’ai travaillé avec mon mari dans un hôtel. Un bébé est né ensuite. J’étais heureuse et ma vie ne pouvait pas être meilleure.
Malheureusement, alors que j’étais enceinte d’un second enfant mon mari se tua dans un tragique accident de voiture. Mes beaux-parents me chassèrent alors de notre maison. Ils refusaient de me considérer comme leur belle-fille car leur fils ne m’avait jamais présenté à eux et n’avait jamais payé la dot traditionnelle.
Je retournais alors chez ma grand-mère, mais la situation était devenue insupportable. Je suppliais ma mère et ma tante, mais elles aussi me chassèrent. Je ne savais pas où aller. C’est alors que j’ai rencontré un homme qui me proposa non seulement un travail, mais aussi le mariage. Avec deux enfants à charge, l’offre me paraissait trop belle pour être vraie. Mais un mois plus tard, j’étais à nouveau enceinte. J'étais fatiguée, malade et toujours fièvreuse. Quelques-uns disaient que j’étais ensorcelée. Une vieille femme me donna même une antidote qui fut malheureusement inefficace.
Un jour, je fis la prière à Dieu de me guérir. Deux jours plus tard, une clinique mobile arriva dans notre village pour faire des tests de dépistage volontaire du SIDA. Je fis le test. Les résultats tombèrent. J’étais séropositive. Malade,je fus envoyée à l’hôpital de Makueni, où l’on me donna du Septrin et des multivitamines. Une fois revenue au village, je rejoignis un groupe de soutien, qui ne m’aida pas beaucoup. En Février 2005, j’ai alors commencé les ARV mais je les ai arrêtés très vite car je ne les supportais pas. Je ne pouvais pas aller à l’hôpital car il était trop loin et le coût du transport était trop cher. Mon bébé mourut le 13 Septembre 2005. J’étais très faible, et si maigre que je pouvais plus marcher jusqu’au dispensaire
Heureusement, on s’occupa de moi et grâce aux conseils que je reçus, je recommençais à prendre des ARV en Mars 2007. Je pesais 35 kg. Depuis, je prends régulièrement mes médicaments à 9 h du matin et à 9 h le soir. Ma santé s’améliore peu à peu et je pèse maintenant 45 kg. Mes enfants ont tous été testés négatifs. J’espère vivre longtemps et voir grandir mes petits-enfants.
Participer au groupe de soutien du programme Zingatia Maisha élaboré par l’AMREF m’a permis de me rétablir, mais aussi de partager mon expérience avec d’autres personnes dans la même situation que moi. Je ne me sens plus stigmatisée.
Nous avons fondé un petit groupe de personnes vivant avec le VIH/SIDA et nous nous sentons bien car nous partageons les mêmes problèmes.
Maintenant je me sens beaucoup mieux et j‘ai une vie normale. J’ai même une petite activité rémunératrice. Je plante des jeunes arbres que je vends ainsi que quelques fruits et légumes.